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Ce groupe se veut ouvert à tous ceux qui aiment la musique des mots de notre belle langue française. Il aurait pu s'appeler nid de plumes, puisqu'il a vocation de réunir les amis de l'écriture... comme de la lecture !
 
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 Chapitre 4

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MessageSujet: Chapitre 4   Chapitre 4 Icon_minitimeJanvier 27th 2009, 17:13

Chapitre 4

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Sanderus tenta vainement de toucher Bollens. Le lendemain matin son téléphone reste désespérément muet. Il partit au dispensaire de la police où on lui confirme que sa blessure est bénigne.

Il téléphone au commissariat de l’Amigo, qui n’est pas au courant , mais lui signale un cadavre retrouvé dans le parking de la Putterie. Il s’y rend aussitôt pour voir démarrer une ambulance. De Groote, un de ses anciens collaborateurs mène l’enquête. Il apprend à Sanderus qu’un agent en patrouille a aperçu une forme suspecte étendue entre deux voitures. Le corps a été apporté après la fermeture. Il s’agit bien du malheureux Bollens, le médecin légiste observe qu’il respire encore faiblement, ses agresseurs, en le couchant sur le ventre ont stoppé l’hémorragie pulmonaire. Il présentait une plaie sous l’omoplate. Sanderus le trouvera à Saint-Pierre en réanimation. Il s’y précipite, maudissant l’âge et la maladie qui lui interdisent de conduire une voiture. Son vieux copain n’a pas repris connaissance. Personne n’a pensé à lui assurer une surveillance armée. Sandérus remue ciel et terre pour organiser une protection. Il se fait apporter deux croissants et du café de la cafetéria de la Croix Rouge. Assis sur une chaise dans la chambre aux vénitiennes fermées, il attendit la garde promise par De Groote pour rentrer chez lui. Toutes les quinze secondes, le soufflet du respirateur en se comprimant émettait un bruit de succion, le tirant de sa torpeur. Il songeait à la poursuite des opérations, pas question, désormais d’agir seul. Il demanderait à De Groote, de l’accompagner. L’inspecteur désigné pour la garde arrivait. Sandérus retourna chez lui.

Marguerite était absente, une autre enveloppe était posée sur son sous-main.

Très surpris, il reconnut la grande écriture arrondie de Margot ! Que pouvait-elle écrire à son mari ?

« Tu es étonné de ne pas me trouver comme un chien fidèle frétillant de la queue pour le retour du Maître ! J’en ai assez de ta politesse qui cache si bien ton absence de considération pour les femmes. Tu as cru m’acheter par le mariage. Je suis une femme libre, je ne suis pas à ta disposition pour t’apporter tes pantoufles quand Mosieu joue au détective avec ce connard de Bollens. Celui-là, il ne vaut même pas le prix de la dague qui l’a envoyé au diable. J’ai emporté mes vêtements et mes effets personnels, j’enverrai quelqu’un reprendre les choses auxquelles je tiens. Inutile de chercher à me revoir, je n’ai pas la vocation de femme de marin.
Marguerite. »

Le coup l’atteignit au plus profond de son être. Il se sentait floué, bafoué dans sa confiance. Il aurait préféré être trompé par une pulsion incontrôlable qui ne modifie pas les sentiments.

Savoir que l’on vit avec une partenaire qui ne partage pas vos pensées et qui feint de vous approuver devient la pire des trahisons.

Accablé, assis dans son fauteuil de bureau, il triturait machinalement un bout de papier sur lequel De Groote avait inscrit son numéro privé, un numéro de Gsm. Il n’en possédait pas, il sortit pour acheter un téléphone portable.

De Groote décrocha à la troisième sonnerie. Sandérus se dit prêt à lui indiquer l’endroit où Bollens avait été frappé. De Groote vint chercher Sandérus en voiture. Pendant le trajet, celui-ci le met au courant de ses réflexions. « Vois-tu, Paul, je ne peux pas m’empêcher de penser que Bollens a été agressé parce que nous sommes très proches de découvrir le réseau de ces individus. »

Il se rend compte qu’il parle pour s’étourdir, pour ne pas penser à Marguerite.

« J’ai réfléchi à la situation. La ville toute entière repose sur des fondations moyenâgeuses que nous maîtrisons mal. Ces gens connaissent les moindres recoins de cette Cité, analogue à du Gruyère. Bollens a découvert une cache, je t’y conduis, mais si l’architecte Pierre Horta a protégé avant guerre, les vestiges du passé, après la tourmente, Brunfault qui a terminé la jonction, a été placé devant le même dilemme, fallait-il dévoiler ces découvertes qui risquaient de retarder ses travaux. Le chantier gigantesque ouvrait une tranchée sur les pentes de la colline. Les historiens retenaient leur souffle, on reparlait du palais mythique de Philippe le Bon et de Charles Quint, détruit au seizième siècle par un incendie.

Il devait être là sous les débris de la destruction de la ville en 1695. La rumeur citait la place Royale, un immeuble commercial cachait sous ses caves, un bout de rue avec ses boutiques, fragment de la rue Isabelle qui longeait jadis ce palais. Rien n’était moins sur. Malgré les témoignages écrits et picturaux du passé, les manuscrits enluminés qui, en arrière plan des princes, traçaient ces énormes bâtisses, le palais restait introuvable. On se mit à douter de son existence.

Les urbanistes ont profité de l’éventrement de la colline pour supprimer un endroit poétique. La rue Montagne de la Cour à même le pavé, charmait les amateurs de la nature par une série de cascades qui descendaient en terrasses. De la verdure et des otaries de bronze patinées par les intempéries étaient éclairées par la lueur verdâtre de quelques becs de gaz. A proximité, une chapelle dérisoire, berceau historique de la famille d’Orange Nassau. Ce petit bâtiment a été sauvé de la destruction, il a été incorporé tout entier dans la construction de l’Albertine qui abrite la Bibliothèque Royale digne descendante de la prestigieuse bibliothèque des ducs de Bourgogne. La cascade disparue, ils ont creusé le versant pour édifier le complexe du palais des Congrès.
Mon Cher Paul, Le parking de ces édifices atteint le niveau de la rue des Lombards, ces premiers banquiers venus d’Italie.
Les visiteurs qui admirent les fresques de Delvaux savent-ils que derrière la scène et les grandes orgues existent des espaces inexplorés ? »

« La Conférence se termine, nous arrivons » dit, avec une pointe d’insolence le commissaire De Groote. Mais cette longue tirade avait calmé la rage de Sandérus.

Le chauffeur s’arrête près des escaliers qui accèdent à la rue Royale, le Palais encombré de spectateurs qui achètent des tickets d’entrée, ils passent inaperçus, gagnent la sortie parking et Sandérus découvre la porte décrite par Bollens et propose à ses compagnons de descendre par l’escalier oscillant un par un, pour éviter une surcharge des chaînes de suspension. Il descend le premier dans le trou noir où sa lampe accroche les aspérités du béton, lorsque Sandérus atteint la petite plate-forme, il fait signe avec sa lampe pour que l’officier de police Jacob et De Groote viennent le rejoindre. Ils franchissent le couloir. La porte de chêne était fermée mais ne résiste pas aux clés du commissaire.

Devant le comptoir, une tâche de sang délimitait l’emplacement de l’agression.

De Groote avec son portable requiert une équipe technique. Les trois hommes effectuent une visite sommaire des locaux, dont une dizaine de cellules qui paraissent avoir été récemment évacuées.

De Groote propose : « Je vais vous faire reconduire chez vous par le chauffeur, l’inspecteur Pierrot, Jacobs et moi, nous attendrons les constatations techniques.

Sandérus vous êtes toujours bienvenu au commissariat quelles que soient les circonstances. »

Sanderus s’assied à côté du chauffeur.

Il songeait à la dernière phrase de son collègue qui résonnait comme une mise en garde.

« Il y a longtemps que tu es entré chez nous ? » dit-il au chauffeur.

« Trois ans déjà, puis-je vous poser une question, Monsieur le Commissaire ? On n’a jamais retrouvé le Palais de Charles Quint ? »

« Mais si grâce à la persévérance de l’archéologue et historien Bonnenfant. Il avait étudié tous les documents de sources différentes et était persuadé que tant de gens ne pouvaient se tromper. Les restes du Palais gisaient Place Royale et nulle part ailleurs. On n’avait rien trouvé parce qu’on n’a pas creusé assez profondément la couche de débris accumulés depuis le seizième siècle.

Il s’est battu pour avoir les autorisations nécessaires pour ouvrir la Place. La rue Isabelle bordait l’immense Palais au sud, sur tous les vieux plans de la ville. Les fouilles ont dégagé là une section supplémentaire de la rue et l’inscription « rue Isabelle » apparut sur un mur. Mais le Palais restait invisible. Il fit percer un des murs et fit extraire des tonnes de gravats. Après des mois de travail patient, mais acharné le trait lumineux d’une lampe dessina un carrelage, un pavement vert et jaune.

Il avait atteint la grande salle capitulaire de l’ordre de la Toison d’Or ! La plus grande salle jamais construite à cette époque, en mesures actuelles, 42 mètres de large et 140 m de long.

Un monument pharaonique édifié au cœur de l’Europe. Il met au jour ensuite les colonnes octogonales de ces lieux prestigieux. C’est ici que toute la noblesse du Continent se pressait pour obtenir sa reconnaissance dans l’ordre de chevalerie. »

« Commissaire, on peut visiter ? »

« Oui sur demande. On manque de fonds pour organiser un gardiennage. Ce Palais comprenait des dizaines de bâtiments groupés autour des Cours intérieures et des jardins. Des moyens considérables seraient nécessaires pour évaluer l’ensemble. On ne les possède pas ! »



Lorsque Sandérus parvient à son palier, il vit l’œil de Bollarski qui de l’autre côté de l’escalier le regardait dans l’entrebâillement de la porte. La Barre avait du raconter la promenade dans les caves. Il serait temps de questionner le gaillard. Après tout, le cadre et le rideau de douche lui appartiennent. A son grand étonnement, sa porte fermée à la serrure de sécurité s’ouvrit à la pression de la poignée.

Un journal déployé sur la table de son bureau annonçait en grosses lettres l’agression. Il lève les yeux et voit sortir de sa chambre un curieux personnage.

Un homme, large d’épaules, coiffé d’un feutre noir à larges bords, vêtu d’une veste à carreaux bruns et rouges, d’un gilet de cuir fauve et d’une culotte de cavalier le regarde, ponctuant ses paroles d’un rictus sardonique, « J’espère ne pas être importun. Je voulais mettre ces regrettables événements à leur place exacte, très différente de la vision déformante de la Presse. Votre collaborateur a trouvé la mort à cause d’une pénible erreur. »

Sandérus a reconnu du premier coup d’œil le matamoresque Van Weier. Surpris par l’audace de son adversaire, il se retint de répliquer que Bollens n’était que blessé.

« Pas très élégant de s’introduire la nuit, le pistolet au poing dans une résidence privée, le veilleur de nuit à saisit une dague florentine sur une panoplie pour se défendre. Grâce à l’amabilité de votre épouse, qui m’a offert sa clé, je vous ai rendu la monnaie de votre pièce… » ajoute-t-il les dents serrées « avec l’espoir de ne plus vous rencontrer sur mon chemin ».

D’un geste nerveux, il jette sur la tablette recouverte de galuchat, une clé Yale et gagne la porte à toute vitesse.

Ses pas dans l’escalier résonnaient encore dans la tête du commissaire, lorsque la sonnerie de la porte retentit.
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