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Ce groupe se veut ouvert à tous ceux qui aiment la musique des mots de notre belle langue française. Il aurait pu s'appeler nid de plumes, puisqu'il a vocation de réunir les amis de l'écriture... comme de la lecture !
 
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 "UNE NUIT PARTICULIERE"

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MessageSujet: "UNE NUIT PARTICULIERE"   "UNE NUIT PARTICULIERE" Icon_minitimeFévrier 20th 2009, 20:21

De : 78hugo (Message d'origine) Envoyé : 3/06/2007 14:04
UNE NUIT PARTICULIERE

Jo aimait boire. Quand il buvait, il savait quand il commençait mais jamais quand il finirait et comment cela se finirait. Souvent l’épilogue de « l’escapade liquide » trouvait son issue au poste de police du quartier. Il buvait, et plus il buvait plus il voulait boire. Il était d’une nature excessive dans tout ce qu’il faisait. Il parlait beaucoup, se vantait toujours qu’il était le plus fort et que les femmes lui tombaient dans les bras. Il avait le torse et les bras recouverts de tatouages et il affirmait qu’il voulait se faire tatouer la tête d’un éléphant sur le pubis, et qu’il possédait déjà les oreilles et la trompe de l’animal ! En fait, son attitude excessive cachait un profond mal être et une certaine fragilité. Cette fragilité était intérieure car son physique était robuste et musclé. C’est un trait récurant de la plupart d’entre nous : notre apparence est aux antipodes de notre vrai nature. Vivre, c’est gérer au quotidien cette antinomie.
Un jour, Jo partie dans une soulerie qui avait pour but, selon ses dires, de se suicider : il devenait souvent dépressif depuis la mort de son jeune frère. Pour commencer, il avait pris soin de vider l’armoire à pharmacie de sa mère, et à ingérer tout ce qu’il avait trouvé comme produits nocifs. Il décida que le bistrot en bas de chez lui était le lieu parfait pour effectuer l’exercice. En fait, après une vingtaine de verres d’apéritif anisé, autant de verres de bière et quelques autres en-cas, il se trouvait dans un état quasi comateux. Il voulait continuer à boire, mais le propriétaire de l’endroit ne l’entendait pas de cette oreille et refusa de le servir. Jo devint hystérique et menaça de tout casser s’il n’obtenait pas ce qu’il voulait. Il fut sorti par trois gaillards de plus de cent kilos chacun. Une fois sur le trottoir, il réussit à se dégager des poignes de fer des videurs occasionnels, puis à baisser son pantalon pour exhiber triomphalement son postérieur à ces agresseurs. En les insultant copieusement, il réajusta sa mise, et partit en titubant vers de nouvelles aventures.
Arrivé au coin de la rue, une voiture s’arrêta à sa hauteur : c’était Luc son meilleur ami. Celui-ci conduisait sa vielle Jaguar qui était en conduite anglaise : le volant était à droite. Jo ne se fit pas prier pour pénétrer dans la voiture. Il voulait boire et que Luc le conduise à leur bar préféré : celui où traînent toujours deux ou trois filles pas farouches. Luc accepta, à condition qu’on ne boive qu’un verre, et que l’on partira quand Luc le décidera. L’affaire avait été difficile à négocier, mais Luc parvint à obtenir une promesse de Jo. Arrivé dans le bar, le verre initial se multiplia comme le pain de Jésus et Luc, qui devait manquer d’entraînement, fut rapidement en état d’ébriété. Après une heure ou deux de cet exercice, Luc convainquit Jo qu’il était temps de retrouver le fidèle félin à quatre roues et d’aller faire un tour ailleurs.
Il faisait maintenant nuit, et une fois dans la voiture, ils décidèrent d’aller faire un tour dans Paris histoire de prendre l’air et de trouver un kebab ouvert. Paris était calme et seul quelques noctambules traînaient encore dans les rues ensommeillées. La grande ville est un animal qui ne dort jamais vraiment complètement. Ils trouvèrent un kebab encore ouvert dans la rue saint Denis. Luc put garer l’auto en face de celui-ci, devant un bar pas encore fermé. Ils décidèrent d’acheter deux « donner kebab » et de retourner dans la voiture. Ils mangeaient les sandwichs assis confortablement sur les sièges en cuir, leurs coudes à la portière : ils avaient descendu les vitres des portes avant car il faisait étrangement doux cette nuit là.
Un jeune gars, visiblement éméché, sorti du bar et pris à partie Jo car il pensait que celui-ci était le conducteur de cette auto pas très discrète : son état d’ivresse avancée l’avait empêché sans doute de remarqué que le volant était de l’autre coté. Il sortit un : « cela vaut bien la peine de conduire une « bagnole » comme celle-la et ne pouvoir acheter qu’un kebab », qui piquât au vif le Jo. Vu le caractère et le taux d’alcoolémie de Jo, la situation aurait put très mal tourner en un rien de temps, mais Luc, qui connaissait bien son ami, le repoussa de la main et rétorqua à l’intrus un : « au lieu de nous dire des conneries tu ferais mieux de nous offrir un coup à boire » qui désamorça le problème. Le jeune homme accueilli la suggestion d’un « pourquoi pas » qui fit éclater de rire Jo. Il y avait eu une certaine pertinence dans les premiers propos de celui-ci : après leurs libations et l’achat des sandwichs ils avaient maintenant les poches vides. Le jeune homme s’appelait Pierre. Les trois hommes discutèrent longuement, accompagnés des verres qu’offrait Pierre. Les tournées de bière avaient été nombreuses, et les éclats de rires plus encore. Tard dans la nuit, après que le patron du bar a essayé, depuis un long moment, de les convaincre de vider les lieux pour qu’il puisse fermer son établissement, Pierre leur fit une suggestion : il les trouvait sympathique et ne pouvait pas se résoudre à les quitter ainsi, et il leur proposa de finir la soirée dans une boite branché dans le quartier de la République. Luc finit par dire que ce serait volontiers mais qu’ils ne pouvaient pas car ils avaient dépensé jusqu’à leur dernier centime, mais qu’ils l’accompagneraient volontiers là-bas, et qu’ils le laisseraient devant la porte. Pierre sortie des liasses de billets de ces poches, et affirma que l’argent n’était pas un problème, et qu’il les invitait. Devant son insistance, les deux amis finirent par accepter l’invitation.
La boite était bondée et la musique assourdissante. Quelques verres de vodka avaient accompagné le trio pendant quelque temps, puis Pierre avait disparu dans la foule à la suite de ces amis. Maintenant, Jo et Luc étaient livrés à eux même dans le club. Pierre leur avait laissé un billet de cinquante euros pour qu’il puisse ce payer quelques verres, mais ils trouvaient l’endroit de moins en moins à leur goût et, la fatigue faisant son œuvre, ils décidèrent de partir. Ils essayèrent de retrouver Pierre pour lui rendre son billet, le remercier de sa générosité, et simplement lui dire au revoir, mais Pierre avait été happé par la foule et était introuvable. Peut être était-il partie avec une des jeunes filles du club pour terminer la soirée en sa compagnie? Ils ne surent jamais la réponse, car jamais plus ils ne le rencontrèrent de nouveau. Il était temps de rentrer.
Luc conduisait la Jaguar en lutant contre le sommeil. En sortant du bois de Vincennes, Luc, ne pouvant plus rester éveillé, parquât la voiture dans une rue assez mal éclairée mais qui semblait tranquille. Il entrepris de faire un somme ; Jo dormait déjà. Il pensait pouvoir se réveiller une demi-heure plus tard. Son état de fatigue et la dose massive d’alcool qu’il avait ingéré allait en décider autrement. Au bout de presque deux heures, ils se firent réveiller par une voix qui venait de l’arrière de la voiture. Dans une demi somnolence, ils s’aperçurent qu’une jeune femme occupait le siège arrière et qu’elle les suppliait de démarrer et de l’emmener loin d’ici. Jo et Luc se regardèrent, et Jo dit un « démarre on verrait bien après » qui convainquit Luc. Ils restèrent un long moment sans rien dire : ils ne ressentaient pas le besoin impérieux de questionner la passagère clandestine : ils sentaient comme si sa présence avec eux avait été normale.
Ils roulaient depuis près de dix minutes quand la jeune femme pris la parole. Elle expliquât qu’elle les avait vus de sa fenêtre, et qu’une force impérieuse l’avait poussé à aller les rejoindre, et puis elle trouva la porte de l’auto ouverte, alors elle était entrée. Elle ne savait pas pourquoi elle avait fait cela, mais elle était restée là au moins une demi-heure sans oser les réveiller. Puis, elle a été prise de peur panique et elle les avait réveillés : son inconscient lui disait qu’ils risquaient tous un grand danger à rester là, et qu’il fallait partir au plus vite. Les deux amis l’écoutèrent en silence, puis Luc lui demanda si elle avait des problèmes dans la vie, et si quelquefois elle se sentait dépressive. La réponse ne se fit pas attendre. Elle leur dit que sa vie était plutôt heureuse, qu’elle n’avait pas de souci matériel, qu’elle était plutôt satisfaite de sa vie sentimentale et que jamais elle ne s’était sentie dépressive. A son tour elle posa des questions et une conversation nourrie s’était établie sans difficulté. Rapidement, il semblait à chacun qu’ils se connaissaient depuis de nombreuses années. Luc avait choisi de faire le tour du périphérique, et quand il repassa pour la deuxième fois devant la porte de Clichy, il fit remarquer qu’il était temps de choisir maintenant une destination à leur balade. Alors Louise, c’était son nom, suggéra d’aller au bord de la mer : après tout c’était dimanche, il n’était que six du matin et ils pourraient prendre leur petit déjeuner à Dieppe. Luc et Jo acquiescèrent et Luc se mit à la recherche d’une station service pour abreuver le « fauve assoiffé » qu’il conduisait. Le billet que Pierre leur avait donné payerait le plein d’un des deux réservoirs de l’auto et pour le petit déjeuner Louise se proposa de le payer.
Luc conduisait maintenant en direction de Dieppe. Cela prendrait moins de deux heures, ce n’était pas une affaire difficile à mener. C’était sans compter le sommeille qui le gagnait. De plus, Jo s’était remis à somnoler et Louise s’était couché sur la banquette arrière et dormait à poing fermé. Luc sentait qu’il conduisait dans un état de demi conscience. Il lui semblait qu’il traversait un long tunnel, que la route descendait en pente douce et qu’il était impérieux d’atteindre au plus vite le bout de ce tunnel. Le temps est une notion qui avait disparu pour lui, puis il s’endormit.
Les deux amis se réveillèrent sur le coup de midi. Ils avaient dormi dans la voiture depuis des heures. Ils ne réagirent pas tout de suite, et ils se contentèrent de se regarder un peu hébéter. Puis Jo fit remarquer qu’ils étaient au bord de la mer et que c’était une belle journée ensoleillée. Luc, qui avait repris ses esprits, dit qu’il fallait réveiller Louise pour lui montrer la mer. Alors, les deux compères découvrirent que Louise n’était plus dans la voiture. A sa place, sur la banquette arrière, il y avait un bouquet de roses écarlate et une enveloppe. Sur l’enveloppe il y avait l’empreinte des lèvres de Louise dessinées au rouge à lèvre. Un petit carton avait été glissé dans l’enveloppe. Dessus, il y avait écrit au feutre rouge : je vous aime merci adieu. Le message avait profondément ému les deux amis, et ils restèrent un long moment silencieux. Jo rompit le silence d’une voix empreinte de tristesse et dit à Luc qu’il était temps de rentrer.
Le trajet de retour se fit dans le silence. Jamais, ils ne reparlèrent de cette nuit particulière.
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MessageSujet: Re: "UNE NUIT PARTICULIERE"   "UNE NUIT PARTICULIERE" Icon_minitimeFévrier 20th 2009, 20:22

Réponse
Conseiller Supprimer Message 2 sur 2 dans la discussion

De : gaikoala Envoyé : 4/06/2007 22:24

Très chouette également... tu as le don, c'est sûr !

Alexandre
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