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Ce groupe se veut ouvert à tous ceux qui aiment la musique des mots de notre belle langue française. Il aurait pu s'appeler nid de plumes, puisqu'il a vocation de réunir les amis de l'écriture... comme de la lecture !
 
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 La disparition programmée

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MessageSujet: La disparition programmée   La disparition programmée Icon_minitimeJanvier 27th 2009, 17:50

La disparition programmée
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Dans quelques instants, je vais apparaître sur la scène, la salle du casino plongée dans une pénombre complice, tous les regards sont fixés sur Sarcani et son numéro international. Le public ne connaît que lui, et cependant sans moi, il ne pourrait pas continuer.

Je suis la fille à faire disparaître. Suivant les lieux où on travaille, il nous habille différemment, court mais sobre pour les grandes salles et très sexy pour les clubs privés.

Maryse, son assistante lui présente ses accessoires.

Il m'a tout appris, « Adeline, » m'a-t-il dit « Il faut connaître toutes les manipulations de chacun, tu dois pouvoir remplacer Maryse en cas de maladie ». Sarcani a terminé la séquence des cartes à jouer, il fait distribuer des cartes de visites blanches sur lesquelles les spectateurs peuvent écrire une devise, un souhait. Un truc très simple, il donne huit cartes, une seule marquée d'un signe est remise à un comparse, les sept autres sont remplies de bonne foi. Comme il connaît le texte du comparse, il commence par lui, il laisse cette carte truquée pour la dernière personne. Il prend la première carte inconnue enfermée dans une enveloppe et la place sur son front, et il lit le texte préparé, le comparse fait la tête stupéfaite du mec qui ne comprend pas. Pour comparer, il ouvre l'enveloppe et lit la réponse suivante et ainsi de suite. Le succès est énorme; les sept personnes sont franchement étonnées de ce pouvoir surnaturel de divination. Ensuite il va frapper un grand coup, il va annoncer qu'il va faire disparaître une femme sous les yeux des spectateurs.

Que vont-ils voir en effet, une fille habillée d'un tee-shirt rouge et d'une minijupe noire, qu'il va installer dans un cercueil. Cette boîte funèbre est posée sur deux chaises, pour montrer au public qu'il n'y a pas de trappe, pour escamoter mon corps. Le couvercle est refermé, le cercueil possède des ouvertures grillagées, je respire normalement tandis que le maître demande le concours de quatre ou cinq spectateurs pour servir de témoins. Il leur présente les chaînes de fer et les cadenas. Tout ce petit monde est placé devant le cercueil.

Le bon public s'imagine, à ce moment que je vais m'évader de la boîte capitonnée. J'entends les chaînes qui grincent sur la caisse en plastique. Les deux chaînes sont placées de chaque côté du renflement central du cercueil. Le maître glisse le crochet du treuil qui va m'élever à quatre mètres du sol. Dans les petits clubs, il n'y a pas de machinerie, je reste sur deux chaises.

Le maître fait son cinéma, je dis maître parce que j'appartiens à Sarcani, corps et âme.

Bien sûr, il couche avec Maryse son assistante, mais il m'a séduite par sa prestance, son art inimitable de faire croire à son génie de magicien.

Maintenant, les spectateurs incrédules mais haletants attendant mon apparition sur le plateau. Ils tournent tous la tête pour la fille en tee-shirt rouge et minijupe noire qui vient du fond de la salle. Ils restent stupéfaits. Sarcani la conduit devant un portique à roulettes d'où pendent des draperies rouges. Plusieurs assistants habillés de longs manteaux de bure noire avec capuchon l'enroule dans les draperies. Sarcani a saisi sa baguette magique, il fait éclater du magnésium.

Les assistants déroulent les draperies la fille en rouge et noir a disparu.

Les assistants poussent le portique à roulettes, hors de scène. L'un d'eux resté près du maître baisse son capuchon, il a la tête rasée. Sous les applaudissements, le cercueil descend des cintres. Les témoins remontent sur la scène pour vérifier que les cadenas n'ont pas été ouverts. Le couvercle est enlevé et je sors de ma boîte en pleine lumière sous les bravos.

Je reconnais des personnes qui sont venues trois ou quatre fois pour percer le mystère. Alors que je traversais la salle hier, le cercueil se balançait à quatre mètres du plancher, j'ai reconnu un type qui avait servi de témoin le jour avant, je lui ai serré la main et je lui ai dit "C'est gentil de venir me voir tous les jours".

Dire qu'il y a deux ans je ne connaissais pas Sarcani. Il était venu au Congrès annuel de notre association. Il cherchait quelque chose ou quelqu'un pour son prochain numéro. Ma sœur et moi, on a l'habitude à cette occasion de monter une petite saynète. Depuis notre enfance, nous suivons toutes les deux, un cours de contorsionniste, donné par un ancien de Médrano. Cette année, je suis habillée de voiles comme une charmeuse de serpents. Je joue quelques notes sur une clarinette, devant moi, un petit panier d'osier. La mélopée semble éveiller des échos dans le couffin. Il remue, des voiles se soulèvent, et ma sœur lovée dans ce petit espace se dresse vêtue d'un maillot en peau de serpent.

Notre numéro a été très applaudi. Ensuite nous nous sommes assises à l'écart pour souffler. Sarcani m'a vue et s'est présenté, j'étais assise à côté de ma sœur Marceline. Il est resté sidéré. "Mais Monsieur c'est tout naturel, vous venez au Congrès des jumeaux de France, ne vous étonnez pas si je ressemble à ma sœur jumelle. Adeline et Marceline, même nous parents n'ont jamais su nous reconnaître.

Ils nous a engagées tout de suite.

Ma sœur et moi sommes très proches. Je suis peut être plus expansive, plus excitable aussi.

La mise au point du numéro de Sarcani a pris trois mois. Nous voyageons à quatre, mon Maître et Maryse, devant, Marceline et moi, derrière. Par contrat ma sœur doit porter une perruque rousse et des lunettes.

Officiellement elle travaille comme régisseur et comptable.

A l'hôtel, nous avons chacune notre chambre, quand la recette est confortable, si non je dors avec ma sœur.

Sarcani nous a appris tant de choses, Je me souviens de « La femme crucifiée » Il transportait dans sa remorque, une énorme croix en métal vert. Assise sur une petite selle devant la croix, vêtue d’une longue robe de soirée cachant la pédale sous votre pied droit. Les témoins vigilants nous attachaient les mains sur la traverse, le cou au montant. Dès que le rideau et l’obscurité nous isolaient du public, j’appuyais sur la commande et la crois devenait creuse, la paroi de la face avant s’enfonçait dans l’épaisseur. Je délivrais ma tête et mes mains. Je saisissais le témoin qui le dos tourné attendait la surprise promise et je lui retirais son veston, ce qu’il acceptait de bon cœur.

Je glissais mes mains dans les manches et ensuite sous les liens disposés.

Sarcani prépare un numéro de femme coupée en morceaux.

Beaucoup de travail pour ma sœur et moi.

On alternera les deux rôles, comme maintenant. Les exercices de contorsionnistes sont très fatigants, il faut réussir à se plier dans cette caisse, l'une à la tête, l'autre aux pieds.

Lorsque Sarcani coupera la caisse, on verra la tête de l'une et les pieds de l'autre.

F I N

Copyright jean Christophe,
Nom de plume de romainvbn
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