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Ce groupe se veut ouvert à tous ceux qui aiment la musique des mots de notre belle langue française. Il aurait pu s'appeler nid de plumes, puisqu'il a vocation de réunir les amis de l'écriture... comme de la lecture !
 
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 "MONSIEUR JEAN"

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MessageSujet: "MONSIEUR JEAN"   "MONSIEUR JEAN" Icon_minitimeFévrier 20th 2009, 20:28

De : 78hugo (Message d'origine) Envoyé : 3/06/2007 14:03

MONSIEUR JEAN

Au village, Monsieur Jean passait pour être un être simple : pas méchant et pas très futé. Il n’était pas natif du village, non, ni d’un autre village des environs : enfin, personne ne connaissait vraiment ces origines. Les villageois l’avaient vu arrivé un jour du début de l’été. C’était un homme d’age moyen, de petite stature, brun avec des cheveux clairsemés. Il était habillé d’un costume noir, d’une chemise blanche, impeccablement repassée, au col orné d’un nœud de papillon rouge vif, et il était chaussé de chaussures de sport d’un blanc éclatant. Il portait à la main un sac de cuir noir qui ressemblait à ceux que portaient les médecins dans le temps. D’ailleurs, le premier qui l’avait vu l’avait pris pour un médecin. Il avait traversé le village d’un pas lent, mais pas hésitant : il avait l’air de savoir où il allait. Il ne s’arrêta qu’arrivé au centre du village. Là, il eut un regard circulaire puis s’assit sur la grosse pierre qui marquait le centre du village. En fait, cet endroit n’était que le centre de la croix que formaient les deux uniques rues du village. Il resta là jusqu'à la fin de l’après-midi, enfin plutôt jusqu’à que l’un des villageois, un de ceux qui l’avaient épiés tout le jour derrière leurs fenêtres, vint lui demander s’il allait rester là toute la nuit. En se levant, il dit : « Cet endroit est parfait, vraiment parfait ! Il sera là mon arbre et un jour il vaudra plus que de l’or ! Il sera là où est cette grosse pierre et un jour cet arbre sera plus précieux que de l’or ! Plus que de l’or ! Au fait, mon nom est Jean, Monsieur René Jean. Mais il se fait tard et je dois m’en aller maintenant. » Puis, il partit, toujours de son pas lent, laissant là, stupéfait, le curieux.

Tout les gens du village sortirent de leurs tanières pour se presser autour de la grosse pierre, et écouter le récit qu’on leur faisait : « Oui, oui il a dit ça ! A la place de la pierre, oui là, il y aura un arbre, oui un arbre, et un jour il sera plus précieux que de l’or ! Que de l’or ! Oui, il a dit ça ! La pierre, celle qui est si grosse que personne n’a jamais put la déplacer, même pas monsieur le maire avec son bulldozer et sa dynamite ! Oui, oui, à ça place il y aura un arbre, qui vaudra plus que de l’or ! Peut être qu’il poussera sur la pierre ? Sur la pierre ! » Tout le monde ria et les plus méchants dirent que c’était un fou et les autres que c’était un original un peu simple : « Pas méchant, mais il faut tout de même s’en méfier ! ».

Le lendemain, il revint et s’assit de nouveau sur la pierre et y resta deux heures, puis partit de son pas débonnaire. Les curieux étaient toujours à leurs fenêtres. Le jour d’après, ce fut la même chose. Le quatrième jour, il y avait moins de curieux, mais certains s’étaient enhardis à l’observer assis sur le banc devant la mairie, à quelques pas de la fameuse pierre. C’était un groupe de quatre anciens. Le cinquième jour, il n’y avait plus pour espionner que « la bande des quatre ». C’est ainsi que les appelaient les autres du village. A partir de ce jour, Monsieur Jean avait intégré la vie du village : il faisait partie du décor, au même titre que la mairie, la pierre et le banc sur lequel venait s’asseoir, tous les jours, la bande des quatre. C’était devenu comme un rituel : Monsieur Jean arrivait, puis s’installait sur sa pierre, puis venait la bande des quatre. Les espions s’asseyaient sur le banc et restaient là, en silence, jusqu'à son départ. A partir du dixième jour, les quatre anciens rompirent leur silence : après l’avoir salué, ils se mirent à converser entre eux de la pluie et du beau temps. Cependant, personne n’avait voulu adresser la parole à Monsieur Jean. Monsieur Jean n’était lui-même pas bavard, perdu qu’il était toujours dans ces pensées. Au salut des quatre hommes, il n’offrait qu’un court sourire, et restait silencieux. Un jour, après plusieurs semaines, au moment de partir Monsieur Jean s’avança vers eux et leur dit : « Je sais messieurs que vous me prenez pour un fou mais vous avez tord, c’est l’endroit idéal et il sera là cet arbre et un jour il sera plus précieux que de l’or ! ». Les rires et les plaisanteries au sujet de Monsieur Jean fusèrent longtemps après son départ.

Le lendemain, il ne vint pas. La bande des quatre en fût troublé. Les jours suivants, il n’était toujours pas venu. Sa disparition alimentait toutes les conversations. Ces conversations étaient de natures diverses. Certains le regrettaient, d’autres faisaient des plaisanteries sur lui et sur son arbre. Les plus méchants, pour se moquer de quelqu’un qui avait dit ou fait une bêtise, utilisait cette expression : « Tu ne va pas faire ton Monsieur Jean, tout de même ? ». Ce bon mot faisait, immanquablement, déclencher les rires. En fait, il manquait à tout le monde et surtout à la bande des quatre. Les premiers rires passés, un sentiment de tristesse et de regret planait sur le village. C’était un sentiment que personne ne pouvait éviter. Le malaise plana sur le village pendant plusieurs semaines. Puis la vie reprit son cours. Seul la fameuse expression « Tu ne va pas faire ton Monsieur Jean, tout de même ? » restait. Mais cette expression perdit son caractère méchant pour devenir une plaisanterie sans conséquence et sans caractère d’agressivité. Certain l’utilisait même à l’encontre des enfants. Même l’instituteur, un jour dans sa classe dit à un cancre : « Bernard, arrête immédiatement de faire ton Monsieur Jean ! ». Cela avait fait rire toute la classe. Un jour, Monsieur le maire avait acheté une petite voiture d’occasion qu’il cassa le jour même : le tacot avait perdu une roue avant de heurter un arbre qui était sans doute placé au mauvais endroit. Monsieur le maire s’en tira avec quelques hématomes et une grande frayeur. Quand il conta son aventure à ces amis, le postier lui avait dit : « Monsieur le maire, sauf votre respect, vous avez fait votre Monsieur Jean ! ». La plaisanterie avait déclenché un éclat de rire général. Plusieurs verres offerts par Monsieur le maire avaient célébré le bon mot.

Cependant, les mois passaient et Monsieur Jean ne réapparaissait toujours pas. Au printemps suivant, un beau jour ensoleillé, on le vit au bout de la route qui venait de la carrière. Monsieur Jean était là et se dirigeait vers le village de son pas lent mais assuré. Sa mise était toujours la même, mais son sempiternel sac de cuir noir semblait plus gonflé que d’habitude, comme s’il était rempli par plusieurs objets assez volumineux. Quand il atteint le centre du village, tous les habitants étaient là, cent vingt-deux âmes, cent vingt-deux hommes, femmes et enfants, cent vingt-deux curieux contents et amusés par son retour. Au premier rang, il y avait la bande des quatre. En fait, c’était eux qui avaient donné l’alarme : ils traînaient le long du « champ du bout » quand ils l’aperçurent. C’est eux qui étaient allé de maison en maison pour annoncer la nouvelle. Ils étaient même aller à la mairie et même à l’école. Messieurs le maire et l’instituteur avaient dit qu’il ne fallait pas les déranger pour des bêtises et que de toute façon ils étaient trop occupés pour sortir. Pourtant, ils étaient là aussi, là derrière la bande des quatre : c’est qu’ils étaient les seules autorités du village en la matière. Enfin, c’est ce qu’ils avaient dit pour avoir un prétexte pour être là. Quand Monsieur Jean s’arrêta devant la grosse pierre, Monsieur le maire se fraya un passage à travers la bande des quatre pour le saluer : « Monsieur Jean je suppose, je suis Monsieur le maire de « Kedal le Grotrou » et je vous souhaite le bonjour, cela fait
tellement longtemps… ». Monsieur Jean souri et hocha la tête en signe d’acquiescement mais resta silencieux. Puis il ouvrit son sac et en sortit un assez gros marteau, un burin de sculpteur de bonne taille, un sac de plastique et une bouteille qui devait contenir de l’eau. Le sac était un sac de plastique opaque du genre de ceux que l’on obtient dans les supermarchés, et il était plein à moitié. Après avoir mis tout son matériel à même le sol et, après avoir refermé consciencieusement son sac de cuir noir, il s’assit à sa place habituelle sous la surveillance incrédule de cent vingt deux paires d’yeux. Monsieur Jean resta là une heure, perdu qu’il était dans ses rêveries. Cette heure était le temps qui avait été nécessaire pour que la place se vide de ses occupants, de tous sauf, bien sûr, de la bande des quatre. Ils avaient rejoint leur banc en silence, puis commencèrent à parler de la pluie et du beau temps, de tout et de rien comme si tout était redevenu normal : ils ne voulaient pas montrer leur impatience et leur curiosité à Monsieur Jean. Le sourire que leur avait lancé Monsieur Jean les avait confortés dans l’idée qu’ils avaient adopté la bonne attitude. Ils avaient fait ça de manière naturelle et sans vraiment se concerter. Au très fond de leurs têtes, il y avait aussi un certain respect pour cet étranger, même si c’était un étranger qui avait l’esprit simple : peut être était-il fou mais il leur avait tellement manqué. Il faisait, en quelque sorte, parti de leur vie. Monsieur Jean les observa un moment puis, semblant satisfait, il se leva et à l’aide du lourd marteau et du burin commença à creuser le dessus de la pierre. Il frappa de son marteau pendant un long moment et ne s’arrêta que lorsqu’il obtint un creux de la grosseur d’un gros bol à petit déjeuner. Ensuite, il vida le contenu du sac plastique dans le creux de telle manière à le remplir : cela semblait être de la terre. Il extirpa une petite boite de sa poche : elle contenait une petite graine qui semblait avoir commencé à germer car, même de loin, on pouvait voir une petite tache verte qui devait être une feuille. Enfin, il l’enfouit dans la terre puis versa délicatement dessus l’eau qui était dans la bouteille. Il paraissait satisfait, et il entrepris de ranger ses affaires dans le sac. Quand le sac fut fermé, Monsieur Jean mit sa main droite à l’horizontal au-dessus de sa plantation, puis regarda dans la direction de la bande des quatre et déclara : « C’est l’endroit idéal et cet arbre, un jour, sera plus précieux que de l’or ! Je vous dis au revoir messieurs. ». Monsieur Jean repartit laissant dans l’expectative les quatre anciens. Ce n’était pas le manque d’envie qu’ils avaient d’aller observer de prêt la plantation mais il se faisait tard et ils remettaient ça pour le lendemain. « Quoiqu’il en soit, dit l’un d’eux, le «haricot» de Monsieur Jean sera toujours là ! » Et ils partirent en éclatant de rire.

Le lendemain, la bande des quatre vint voir la plantation mystérieuse et quelle ne fut pas leur surprise de découvrir qu’une petite tige longue de cinq ou six centimètres avait transpercé la terre. Quel prodige ! En plus, deux petites feuilles surmontaient la tige miraculeuse ! Plus tard, Monsieur Jean revint, s’arrêta devant la pierre et sourit à la bande des quatre. Après un petit moment, il pris une petite fiole de sa poche et en versa le contenu au pied de la tige. Son ouvrage fait et la fiole ayant retrouvée la poche, Monsieur Jean repris le chemin du retour. La bande des quatre était vraiment troublée. Ils conversèrent un long moment et se dirent, à la fin, qu’il devait s’agir d’une espèce exotique à croissance rapide. « Quoiqu’il en soit, avait dit le plus ancien, espèce exotique ou non il y a assez de terre dans ce trou pour nourrir ce haricot pendant quelques jours, après il faudra bien qu’il se nourrisse de la pierre ! » Un éclat de rire suivit le bon mot, et ils partirent arroser l’événement de quelques verres.

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MessageSujet: Re: "MONSIEUR JEAN"   "MONSIEUR JEAN" Icon_minitimeFévrier 20th 2009, 20:28

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Le jour suivant, la tige mesurait dix centimètres. Monsieur Jean revint et fit la même chose que la veille, puis repartit. Il recommença ce rituel les autres jours. Au bout d’une semaine, la tige était devenue un arbrisseau, de presque un mètre de haut, orné d’un panache de feuilles. De petites racines commençaient à surgir hors de la terre. A la fin de la deuxième semaine, c’était un arbre de deux mètres de haut surmonté d’une multitude de feuilles et dont les racines enserraient la pierre. « Le haricot va bientôt atteindre le ciel, avait prédit le rusé de la bande des quatre, on va pouvoir bientôt grimper dessus et aller chez l’ogre ! » A la fin du mois, Monsieur Jean, après avoir accomplit son ouvrage, s’adressa à la bande des quatre dans ces termes : « Messieurs, mon ouvrage arrive à sa fin, vous voyer c’est bien l’endroit idéal ! Et rappelez-vous que cet arbre, un jour, sera plus précieux que de l’or ! Adieu et merci. ». Puis il partit et ne revint plus jamais. L’arbre avait un puissant tronc et son sommet culminait à près de trois mètres, quant aux racines, elles étaient tellement denses autour de la pierre qu’elles la masquaient presque complètement.

Bien des discussions avaient tourné autour de l’arbre de Monsieur Jean : les avis étaient partagés. A la fin, Monsieur le maire trancha et expliqua qu’il n’y avait pas de mal à laisser cet arbre au milieu du village tant qu’il ne représenterait aucun danger pour la population. Monsieur l’instituteur surenchérit en affirmant que cet arbre était bien plaisant à regarder, en tout cas bien plus que cette affreuse pierre que Monsieur le maire n’avait jamais put faire disparaître. Un de la bande des quatre ajouta dans un fou rire : « Et en plus, il donne de l’hombre ! » C’est ainsi que la décision fut prise de le garder. Personne n’osa jamais avouer combien ils étaient curieux de voir jusqu'à quel point l’arbre de Monsieur Jean allait grandir.

En fait, il grandit jusqu’à la fin de l’été et atteint près de quinze mètres de haut, puis il arrêta sa croissance. Il était devenu le point culminant du village : en effet, aucune des maisons du village n’avait plus d’un étage. Il était devenu, aussi, le point de rencontre des villageois : l’endroit était plaisant, ombragé et, surtout, central bien sûr. C’est là que l’on venait discuter de tout et de rien, des récoltes et de la nouvelle guimbarde qu’avait acquis Monsieur le maire, du temps bien trop beau pour la saison et qui ne présage rien de bon pour l’hiver, du nouveau chapeau d’Adélaïde : on venait discuter de tout et de rien, surtout de rien. Le seul sujet qui n’était jamais abordé, malgré qu’il soit dans le cœur de tout le monde, c’était Monsieur Jean. Personne jamais plus n’osait parler de lui et toute plaisanterie s’appuyant sur sa personne avait disparu. Ce n’est pas que les villageois l’aient oublié, non, finalement ils l’aimaient bien malgré ses étrangetés et ils lui étaient même reconnaissant pour l’arbre même si, malgré tout, celui ci était loin d’être plus « plus précieux que de l’or », non, mais ils se sentaient désorienté par sa disparition, et puis ils n’aimaient pas parler de ce qu’ils ne comprenaient pas, de plus ils étaient persuadés qu’il reviendrait par une belle après midi ensoleillée. Les plus affectés par ces événements étaient la bande des quatre : ils continuaient de venir tout les après midi s’asseoir sur leur banc favori, oui, mais le cœur n’y était plus et leurs conversations au sujet de tout et de rien étaient de plus en plus rares. Les anciens préféraient rester silencieux et observer l’arbre. Ils observaient l’arbre ou peut être aussi le chemin qui était derrière celui ci, ce chemin qui leur paraissait si vide depuis quelque temps. Bientôt l’automne serait là et ils leurs seraient plus difficiles de venir s’asseoir tous les jours devant l’arbre.

Les premiers frimas vinrent avec septembre et des orages éclatèrent souvent. La situation climatique était peu habituelle pour la région, mais c’était l’automne et l’été avait été si chaud ! Quelque fois cela se passait comme ça : « tous les soixante-cinq ans » avaient dit les savants de la météo ! Pourquoi tous les soixante-cinq ans ? Mystère ! Enfin, ce n’était pas si grave, et puis cela alimentait les conversations. Même la bande des quatre appréciait : cela faisait si longtemps qu’ils ne se parlaient presque plus. En fait, la météo les avait, en quelque sorte, resocialisés. Ils ne sortaient presque plus, mais ils se réunissaient chez Paul dont la maison était au centre du village. Ils s’asseyaient derrière la fenêtre du salon : c’était un excellent point d’observation donnant sur l’arbre. Ils étaient dans leur repère quand l’orage qui allait changer le court de l’histoire, commença. Dès le matin, l’air était comme électrisé et les quatre larrons, sentant confusément qu’il allait se passer quelque chose. Ils expédièrent rapidement leur déjeuner puis se retrouvèrent chez Paul à leur poste d’observation habituel. L’orage éclatât soudainement, et les éclairs fusèrent. Le ciel était embrasé par leurs flashs fulgurants et, à chaque tonnerre, les vitres des fenêtres tremblaient à la limite de se rompre. C’était comme une vengeance divine : quelque Dieu voulait punir les fourmis apeurées qui habitaient ce village. Quelle faute impardonnable avaient-ils donc commis ? La bande des quatre était plongée dans ces réflexions et c’était arrêté de converser. Ils sentaient que la foudre tombait autour du village et comme celui-ci était bâti au centre d’une plaine, elle finirait par tombée sur un des toits du village. De mémoire d’homme, cette mésaventure c’était déjà produit, deux fois. Les deux fois, les maisons qui avaient été touchées avaient été en partit détruites par un incendie. Un vieillard et même un enfant avaient succombés. C’était il y a longtemps, si longtemps, mais ces catastrophes étaient restées gravées dans la mémoire de chacun. Il faut dire que le village était si petit et si isolé qu’il ne s’y passait presque jamais rien de notable. Il avait été même épargné par la guerre : quelques véhicules allemands l’avaient traversé dans un sens puis, plus tard, dans l’autre, quant à la troupe des libérateurs, elle avait préféré établir son camp dans le bourg voisin, distant d ‘une vingtaine de kilomètres de « Kedal le Grotrou ». De tout temps, ils vivaient isolés et avaient très peu de contact avec l’extérieur ; pendant la guerre, ils avaient vécu presque en autarcie. Au début de ces temps troublés, Monsieur le maire, le grand-père du maire actuel, avait dit : « Comme on dit, pour vivre heureux vivons caché ! Nous avons vu comment s’était la dernière fois : mon frère aîné et ses compagnons ont fait leur devoir et ils en sont morts ! Cette fois ci, personne ne doit mourir ! En temps normal, les « autres » se soucie-t-ils de nous ? Non ? Alors, pourquoi devrions nous nous soucier d’eux ? Et puis, bon Dieu, on s’est toujours débrouillé par nous même ! » Le discours avait fortement impressionné son auditoire : personne n’avait voulu prendre les armes, et on avait caché ceux qui étaient en age d’être des conscrits. Cependant, on n'avait pas suivit à cent pour cent le discours de Monsieur le maire : nombreux avaient été ceux qui avaient aidé des résistants à subsister en leurs donnant des vivres et des vêtements, et trois d’entre eux avaient été cachés dans le grenier de l’école, et même Monsieur le maire avait caché chez lui, pendant quelques jours, un couple de fugitif.

Les éclairs de feu continuaient à déchirer le ciel au-dessus du village, quand, soudain un flash fulgurant atteint l’arbre de Monsieur Jean et le brisa comme une allumette. Un début d’incendie avait commencé dans les ramures mais il avait été vite étouffé par les torrents de pluie qui étaient tombés peu après. L’orage ne dura qu’une demi-heure.

Bientôt on s’aperçut que les dégâts dus à l’orage avaient été importants autour du village, mais que celui-ci avait été épargné à l’exception de l’arbre de Monsieur Jean. Monsieur l’instituteur expliqua que l’arbre était le point culminant du village et que, par ce fait, il avait été la cible de la colère du ciel : l’arbre qui avait été foudroyé avait sans doute sauvé le village de plus grands dégâts. Plus tard, ils apprirent que de nombreuses granges et quelques maisons avaient été détruites dans les villages environnants. Le clocher de la ville la plus proche avait été détruit. En fait, l’orage avait été particulièrement catastrophique pour toute la vallée. Maintenant, les mots de Monsieur Jean prenaient tout leur sens : « cet arbre, un jour, sera plus précieux que de l’or ».
L’arbre détruit avait été enlevé et on avait découvert au milieu des racines calcinées que la pierre avait été détruite par le puissant éclair. Au printemps suivant, Monsieur le maire lança une souscription pour acheter un arbre de bonne taille que l’on planta au centre du village, à la place où avait été l’arbre de Monsieur Jean. La bande des quatre avait même commandé et payé une plaque de métal gravée qui avait été fixée sur un bloc de granit installé devant l’arbre.

Sur la plaque le texte suivant était gravé : « L’arbre de Monsieur de Jean était là et un jour, cet arbre fut plus précieux que de l’or ! ».

Après ces évènements, la vie des villageois ne fut jamais plus la même que auparavant et le village s’ouvrit d’avantage à l’extérieur.
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MessageSujet: Re: "MONSIEUR JEAN"   "MONSIEUR JEAN" Icon_minitimeFévrier 20th 2009, 20:30

Réponse
Conseiller Supprimer Message 2 sur 4 dans la discussion

De : gaikoala Envoyé : 4/06/2007 22:23

Très chouette ton histoire, très morale !

Alexandre
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Réponse
Conseiller Supprimer Message 3 sur 4 dans la discussion

De : °°°dany°°°1 Envoyé : 25/10/2007 20:23

tres belle histoire hugo
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Réponse
Conseiller Supprimer Message 4 sur 4 dans la discussion

De : Villefranche3 Envoyé : 28/10/2007 21:45

Une histoire vraiment intéressante Hugo. Je trouve que tu as beaucoup d'imagination. Bonne continuation dans tes futurs créations.

Villefranche
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