Sébastien Sépulchre n°3
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A cette époque, la mère enceinte présentait de nombreux désordres nerveux et psychosomatiques, réactions
évidentes à son délaissement. A son retour, en liberté conditionnelle, il n'affichait plus la superbe de ses débuts, sa longue détention avait créé des fantasmes, qu'il ne pouvait assouvir. Il doutait de ses capacités à satisfaire
une femme, après sa chasteté forcée. Son épouse, avait résisté à toutes les tentations, prise entre le devoir de respecter son mari absent et de se vouer entièrement au rôle de mère de famille. Auparavant, une gouvernante s'occupait de Sébastien, le lavait, l'habillait, lui donnait la nourriture préparée par la cuisinière. Maman se bornait entre deux concerts à déposer un baiser parfumé
sur son front. Le malheur les avait rapprochés. Elle témoignait beaucoup d'affection à Sébastien. Le revenant en avait pris ombrage, comme si cet amour maternel débordant avait été taillé dans l'amour conjugal. Les tentatives de reprendre des relations sexuelles ont été perturbées par tous ses facteurs. Et père, repoussé par son épouse, reportait la fureur de sa frustration sur Sébastien. Ce mentor tatillon porte ses fruits, sous la contrainte Sébastien accède aux premières places, quelques points lui manquent pour égaler le premier de la classe. Papa en fit une affaire personnelle, il n'en dormait plus, comme si sa propre recherche d'un emploi, était conditionnée par la réussite de son fils. De tatillon, il devint arrogant, cassant, ne laissant aucun repos à son fils, exigeant qu'il devienne premier de classe, ce qu'il
obtient au trimestre suivant. Il examinait les bulletins, cherchant des matières insuffisamment exploitées, regrettant qu'il perde en gymnastique, des points chèrement acquis en calcul ou en français.
Lorsque la rencontre avec la dénonciatrice mit fin à cette surveillance, du jour au lendemain, il ne lui accorda plus aucune attention, renonça à parcourir l'agenda scolaire, signant le bulletin avec un soupir résigné. Les résultats de Sébastien s’étaient écroulés à la même cadence. Il vivait maintenant au rythme des humeurs maternelles. Il bâclait ses devoirs quand les larmes refoulées accompagnait son maigre dîner. Il reprenait espoir lorsqu’un sourire glacé illuminait le visage de maman.
* * *
Plusieurs années ont passé, Sébastien toujours aussi solitaire, voudrait bien échapper à la tutelle qui l’enjoint de rentrer du Lycée par les voies les plus promptes.
L'atmosphère familiale plus détendue depuis que son père a gagné beaucoup d’argent avec la création d’une petite industrie. Il parcourt la France pour acheter des déchets de caoutchouc dans des usines, témoins de ratages désastreux dans les fabrications, déchets qu’il fait trier et revendre à d’autres industriels situés dans d’autres départements. Maman reprend ses habitudes de luxe; et passe ses journées à essayer des chapeaux ou des robes de grands couturiers. Sébastien profite de cette liberté pour projeter des sorties à vélo avec son ami Philippe.
Celui-ci est amoureux d’une certaine Régine. La cousine de Sébastien, Denise, fameuse cycliste s’il en est, accepte de les accompagner. Denise trouve provisoirement grâce aux yeux de Maman, qui cependant met en garde son grand garçon contre cette jeune fille souvent atteinte d’otites et de maux de gorge.
« Il y a une tare dans cette famille, ne va surtout pas t’amouracher de cette gamine, gentille je le reconnais, mais de toute façon tu es trop jeune pour fonder une famille. »
A suivre...